CHAPITRE TREIZE
— Il reste une question sans réponse, déclara l’abbé. Un point que nous avons complètement négligé.
Il avait attendu que le couvert fût ôté et que son hôte eût devant lui une dernière coupe de vin. Radulphe n’autorisait jamais les discussions de travail pendant les repas. Il n’abusait pas des plaisirs de la table, mais savait les respecter.
— Quelle question ? demanda Hugh.
— Est-ce qu’il ne nous a pas menti ?
Le shérif adressa un regard aigu à son vis-à-vis.
— Cynric ? Sait-on vraiment si un homme ne ment jamais ? Mais tout le monde s’accorde à penser qu’il ne parle qu’à bon escient, et qu’il va droit au but. C’est pourquoi il s’est tu jusqu’à ce que Jordan soit accusé. Ce n’est pas ce qu’on peut appeler un beau parleur. Je doute même qu’il en ait jamais autant dit qu’aujourd’hui. Je ne crois pas qu’il se donnerait le mal de mentir quand il lui est déjà si difficile d’être véridique.
— Il s’est montré assez éloquent ce matin, objecta Radulphe avec un sourire en coin. Mais j’aurais préféré qu’on dispose d’une preuve confirmant ses déclarations. Il s’est peut-être contenté de tourner les talons, laissant à Dieu (ou à quiconque lui paraît être un arbitre suffisamment sûr pour un cas aussi étrange), le soin de trancher. Rien toutefois ne l’empêchait de tenir le rôle lui-même. A moins que les choses ne se soient passées en gros comme il les a rapportées, mais qu’il ait un peu aidé le curé à tomber à l’eau quand il était encore sous le choc. Je vous le concède, Cynric ne doit pas être très habile à inventer une histoire plausible garantissant son innocence, mais on n’en est pas sûrs. Je ne le crois pas violent, notez, même quand on le provoque sérieusement, mais encore une fois, on ne peut pas savoir. Allons plus loin, admettons qu’il ne nous ait rien caché, que penser d’un tel homme, comment se comporter envers lui ?
— Pour ma part, affirma Hugh sans y aller par quatre chemins, je ne vois pas ce que je peux ou désire faire. Il n’a violé aucune loi. Même si c’est un péché de se détourner d’un être en danger de mort, ce n’est pas un crime. Moi, je m’en tiens strictement à mon domaine. Les pécheurs sont de votre ressort, pas du mien.
Il ne crut pas utile d’ajouter que celui qui avait amené Ailnoth, que personne ne connaissait, à servir de pasteur à un troupeau privé de son berger et qui n’avait pas voix au chapitre devrait aussi rendre des comptes. Mais il soupçonnait l’abbé d’y avoir pensé, et ce depuis qu’il avait commencé à être informé des griefs des paroissiens. Il n’était pas homme à fermer les yeux sur ses erreurs ou sa part de responsabilité.
— Ce qui me paraît indiscutable, poursuivit Hugh, c’est ce qu’il a déclaré sur la femme qui a suivi Ailnoth et que ce dernier a frappée. Dame Hammet a prétendu avoir glissé sur le sol verglacé. C’était un mensonge. C’est le curé qui l’a mise dans cet état. Elle l’a depuis avoué à frère Cadfael, qui l’a soignée. Et puisque j’ai mêlé Cadfael à tout ça, je vous suggère, Excellence, de l’envoyer chercher. Je n’ai pas eu l’occasion de m’entretenir avec lui depuis les événements de la matinée et j’ai dans l’idée qu’il a peut-être des précisions supplémentaires sur cette affaire. Quand je suis arrivé au cimetière, il n’était pas avec les autres, car je n’ai pas réussi à le trouver. Il ne se serait pas absenté sans une bonne raison. De plus, quand il a surgi, il venait de la cour, pas de l’extérieur. S’il a appris quelque chose, je ne puis me permettre de ne pas en tenir compte.
— Moi non plus, ce me semble. Aussitôt, tendant la main, Radulphe prit la clochette posée sur son bureau.
— Frère Vitalis, voudriez-vous demander à frère Cadfael de venir ?
Quand la porte se referma, il resta silencieux un moment, plongé dans ses réflexions.
— Je sais maintenant, comme tout le monde, que le père Ailnoth a été gravement abusé, ce qui est une manière de circonstance atténuante. Mais cette dame, elle n’est nullement parente de ce jeune Benoît, je crois, à qui nous avons fourni un abri. Elle a servi son maître d’une façon exemplaire pendant trois ans, sa seule faute ayant été de protéger ce garçon et encore a-t-elle agi par affection. Aucune sanction ne sera prise contre elle, j’y veillerai personnellement. Elle continuera à vivre ici tranquillement, puisque c’est moi qui l’ai amenée parmi nous. Si notre nouveau curé n’a ni mère ni sœur pour tenir sa maison, elle s’en occupera pour lui comme pour le père Ailnoth. J’espère qu’elle n’aura jamais l’occasion de s’agenouiller devant lui, sauf au confessionnal, et que lui ne sera jamais amené à la battre. Quant au jeune homme...
Il eut un regard résigné mais compréhensif et secoua légèrement la tête en souriant.
— Nous l’avions, je crois, confié à Cadfael pour qu’il s’occupe des gros travaux avant les grands froids. Je me rappelle l’avoir vu retourner la butte longue du jardin. Il nous en aura au moins donné pour notre argent. L’écuyer de FitzAlan n’éprouve sans doute ni peur ni honte à mouiller sa chemise. Est-ce que vous sauriez par hasard... ? demanda-t-il regardant Hugh dans les yeux, le visage penché sur le côté.
— Non, et je me suis donné beaucoup de mal à cet effet.
— Vraiment... Je suis heureux qu’il ne se soit sali les mains qu’en travaillant la terre, car il lui est arrivé de les avoir passablement noires quand il arrachait les mauvaises herbes.
Radulphe eut un sourire rêveur, en regardant par la fenêtre le ciel bas, gris de perle.
— Je suis prêt à parier qu’il s’en sortira. Quel dommage que quelqu’un comme lui doive se battre contre d’autres jeunes gens de ce pays ! Mais, quitte à porter les armes, mieux vaut encore que ce soit sur le champ de bataille et non dans le noir, traîtreusement.
Cadfael posa sur le bureau de l’abbé ce qui restait des biens du père Ailnoth, ainsi que le petit témoin en laine qui complétait le galon entourant la calotte du curé.
— Cynric n’a pas menti d’un iota. En voici la preuve.
Et Cadfael raconta comment il avait fini par comprendre dans quelles circonstances Diota avait été blessée aux mains.
L’abbé hocha la tête, la mine sombre.
Puis Cadfael expliqua ce qu’il avait trouvé sur la souche du saule et tout ce que cela signifiait.
— Je veux bien, murmura Radulphe. Mais comment est-ce possible ? Quand elle s’est sauvée, cette femme ne savait vraiment rien ?
— Elle ignore même comment elle est rentrée chez elle. Elle a dû passer une nuit épouvantable, s’attendant à ce que le prêtre mette à exécution sa menace contre le garçon, avant de rentrer l’accuser, elle, et la jeter dehors. Mais il n’a jamais réapparu.
— Aurait-il été possible de le sauver ? interrogea l’abbé, aussi désolé pour le troupeau plein de rancune que pour le pasteur défunt.
— Je doute fort, avança Cadfael, que dans le noir, même en se donnant beaucoup de mal, on ait pu le sortir de sous cette berge. Et à supposer qu’il se soit trouvé quelqu’un à proximité, pour moi, il se serait noyé avant qu’on ait pu le retirer de l’eau.
— Au risque de tomber dans le péché, conclut Radulphe avec un sourire d’abord amer puis résigné, cela me paraît réconfortant. Nous n’avons pas de meurtrier parmi nous. C’est toujours ça.
— A propos de tomber dans le péché, murmura Cadfael plus tard, quand il fut installé avec Hugh dans l’atelier du jardin aux simples, force m’est de me poser des questions de conscience. Je jouis de privilèges parce qu’on m’appelle en consultation à l’extérieur pour m’occuper de malades, et aussi parce que j’ai un filleul à visiter. Mais je ne devrais pas profiter de cette permission à des fins personnelles. Je ne m’en suis pourtant pas privé à trois ou quatre reprises depuis Noël. En vérité, le père abbé doit savoir que j’ai quitté la clôture sans permission ce matin, mais il n’en a pas soufflé mot.
— C’est sûrement qu’il considère comme évident que vous vous en confesserez demain au chapitre, répondit Hugh, sérieux comme un pape.
— Oh ! j’en doute ! Au contraire ! Il faudrait que je m’en explique et je le connais à présent. Il y a de vieux loups de mer comme Radulphe et moi ici, qui ne craignent pas les tempêtes, mais il y a aussi des innocents qui pâtiraient d’un fort coup de vent. Il s’est suffisamment inquiété de l’influence d’Ailnoth, maintenant il tient à ce qu’on oublie tout ça. Et je suis prêt à parier, Hugh, que la Première Enceinte ne tardera pas à avoir un nouveau curé, quelqu’un qu’on connaît et qui sera le bienvenu, non seulement pour nous, mais pour ceux qui sont susceptibles d’en recueillir les fruits. C’est la meilleure façon d’enterrer Ailnoth.
— Soyons francs, avança Hugh, méditatif, il n’aurait guère été facile de refuser un prêtre recommandé par le légat de Rome, même pour un ecclésiastique de la stature de votre abbé. Et l’homme proposé était impressionnant à voir et à entendre, sans compter qu’il était instruit... Rien d’étonnant à ce que Radulphe ait cru avoir trouvé le phénix. Que Dieu vous envoie un être décent, humble, ordinaire, la prochaine fois !
— Amen ! Que ce curé sache le latin ou pas ! Et pour ma part, voilà que je me surprends à vouloir du bien, voire à servir de complice à un ennemi du roi. Je suis non seulement un pécheur, mais un criminel. Ai-je parlé de faire mon examen de conscience ? Il faudra que j’y aille doucement, sinon ça complique toujours tout.
— Je me demande s’ils sont déjà partis ? répliqua Hugh en souriant avec indulgence aux braises du foyer.
— Pas avant la nuit, j’imagine. Demain matin, ils seront loin. J’espère qu’elle a laissé un mot pour Ralph Giffard, dit Cadfael, pensif. Il n’est pas méchant, simplement il ne pense qu’à son fils. C’est monnaie courante. Elle n’avait pas à se plaindre de lui, sauf qu’il ne se souciait que de sa propre fortune et avait abandonné tout espoir pour l’impératrice. Mais elle a trente ans de moins que lui, elle ne peut pas comprendre. Alors que nous, si, n’est-ce pas, Hugh ? Que les jeunes suivent donc leurs instincts et trouvent leur voie !
Il s’assit en souriant, pensant au couple d’amoureux, mais surtout à Ninian, si vivant, hardi, impudent, qui jouait si vigoureusement de la bêche, même si ça ne lui était jamais arrivé auparavant et qu’il avait dû apprendre sur le tas.
— Depuis frère John, je n’avais jamais eu d’aide aussi enthousiaste. Ça doit bien remonter à cinq ans maintenant ! Il est resté à Gwytherin, celui-là, il y a épousé la nièce du forgeron[14] C’est sûrement un bon artisan à l’heure qu’il est. Je trouve que Benoît lui ressemblait un peu... tout ou rien avec lui, et une vraie tête brûlée.
— Ninian, corrigea Hugh, presque sans y penser.
— Oui, c’est vrai, Ninian, j’ai tendance à l’oublier. Mais vous ignorez le plus beau ! s’écria Cadfael, amusé à ce souvenir. Dans des circonstances aussi tragiques où se sont mêlés la mort et le soupçon, une bonne plaisanterie n’est pas de refus.
— Ce n’est pas moi qui vous contredirai, acquiesça Hugh, ranimant le feu à l’aide de quelques morceaux de charbon judicieusement choisis, prenant plaisir à cette occupation qu’il laissait ordinairement à d’autres. Mais ce point a dû m’échapper. Où avez-vous trouvé matière à rire ?
— Eh bien, pendant que vous discutiez avec le père abbé, près de la tombe, et que les autres se dispersaient, vous ne pouviez pas voir la foule. Mais moi, j’étais disponible, et frère Jérôme aussi. Comme toujours il cherchait qui il pourrait prendre en faute et son nez frémissait. Sanan s’en est rendu compte et moi aussi. Ça lui a valu une jolie frousse pendant un moment, et puis tout s’est arrangé. Vous connaissez la largeur de notre portail, Hugh...
— C’est par là que je suis entré, répliqua Hugh, un peu endormi maintenant qu’il était libéré de ses soucis ; il y avait aussi la fumée du brasero et le crépuscule qui commençait à tomber sur cette longue journée.
— Un jeune s’y trouvait qui tenait un cheval sur la Première Enceinte, mais personne n’avait de raison de le remarquer. Jérôme courait partout, comme un chien de berger, chassant les paroissiens, et il devait fréquemment regarder dehors. Il a vu quelqu’un qu’il a cru reconnaître et il s’est rapproché, tout frétillant – vous le connaissez !
— Tout être qui dénonce un pécheur s’acquiert du mérite, constata Hugh, s’amusant à se moquer gentiment de Jérôme. Quel mérite pouvait-il bien s’attirer avec un petit palefrenier ?
— Eh bien, il y a un certain Benoît, ou Ninian, traître au roi Etienne, et qu’on a dénoncé comme tel à notre shérif – vous n’étiez pas là, Hugh, et maintenant que vous voilà confirmé à votre poste, vous êtes plus précieux que jamais pour Jérôme ! C’est ce Ninian que Jérôme a vu, sauf qu’il portait des vêtements qu’il ne connaissait pas.
Hugh tourna vers son ami un regard surpris et malicieux.
— Là, vous me surprenez. C’était vraiment lui ?
— En personne. Je l’ai reconnu et Sanan aussi quand elle a essayé de comprendre ce que cherchait Jérôme, et elle l’a aperçu. Ce garçon est toujours prêt à se jeter dans la gueule du loup. Il était venu s’assurer qu’on ne s’en prendrait pas à sa nourrice et qu’il pouvait dormir sur ses deux oreilles. Dieu sait ce qu’il aurait pu inventer si vous n’aviez pas clamé vos soupçons sur Jordan ! Après tout, que savait-il de ce qui s’était produit après son arrivée, tout essoufflé, dans l’église, cette nuit-là ? En ce qui le concernait, Jordan aurait très bien pu être notre homme. Je suis persuadé qu’il l’a cru, une fois que votre gibier s’est trouvé aux abois.
— C’est vrai que j’ai de la voix quand je veux, reconnut Hugh, avec un petit rire. Une chance que le père abbé ait voulu me parler et m’ait prié de rester dîner avec lui, sinon j’aurais pu me casser le nez sur votre tête brûlée de protégé, et comme Jérôme je l’aurais empoigné par son capuchon, mais comment tout cela s’est-il terminé ? Il n’y a pas eu d’esclandre sur la Première Enceinte, à ma connaissance.
— En effet, acquiesça complaisamment Cadfael. Ralph Giffard était dans la foule, vous ne l’avez pas vu ? Il est assez grand pour dépasser tout le monde d’une tête. Mais vous étiez en plein milieu, sans avoir le temps de regarder autour de vous. Il se dressait là. A la fin, il s’est disposé à partir, pas mécontent du tout, j’imagine, que vous n’ayez rien eu à reprocher au garçon qu’il s’était cru obligé de vous livrer auparavant. J’ai eu plaisir à voir ça, Hugh ! Il est passé devant Jérôme, avec ses grandes jambes, alors que notre chien de chasse avait le nez sur une piste toute chaude. Il a pris la bride des mains du garçon, lui a même souri, les yeux dans les yeux, et le jeunet lui a tenu l’étrier pour l’aider à monter, comme tout palefrenier qui se respecte. Jérôme s’est arrêté net, comme un limier qui a perdu son flair. Il est rentré en vitesse, effaré d’avoir failli porter des accusations contre le propre valet d’écurie de Giffard, qui attendait respectueusement son maître. C’est à ce moment que j’ai vu Sanan frémir et éclater d’un rire irrépressible, mais il faut reconnaître qu’elle n’a pas froid aux yeux, la demoiselle ! Et Giffard s’est éloigné le long de la Première Enceinte tandis que le palefrenier, enfin le soi-disant palefrenier, le suivait au petit trot avant de disparaître.
— Ça s’est vraiment passé comme ça ? s’étonna Hugh.
— Exactement, mon fils. Ah, quel souvenir ! Ils se sont sauvés et Giffard a glissé une pièce d’argent à Ninian. Ensuite le garçon a tourné le coin où il s’est arrêté pour reprendre haleine. Je suppose qu’il ignore toujours à qui il doit son salut, continua Cadfael observant depuis la porte la lumière de cette fin d’après-midi. Ah je voudrais bien être là quand Sanan lui expliquera à qui il est redevable de ce salaire royal pour avoir tenu un cheval pendant moins d’une heure ! Je parierais que le petit ne se séparera jamais de cette pierre, il la fera percer pour que lui ou Sanan la porte au cou. Nombreux sont les porte-bonheur de ce genre qu’on a dans un vie.
— Alors ces deux-là se sont rencontrés et mutuellement rendu service sans savoir le moins du monde à qui ils avaient affaire ? C’est bien ça ? s’exclama Hugh, ravi.
— Sans s’en douter un instant ! Ils ont échangé des messages, ont été alliés, adversaires, amis, ennemis, tout ce qu’il vous plaira, d’une façon parfaitement intime, affirme Cadfael, avec une satisfaction profonde, empreinte de gratitude. Chacun ignorait à quoi ressemblait l’autre. Ils ne s’étaient jamais rencontrés de leur vie.
[1] Voir Cadfael-9] la Rançon du mort du même auteur dans la même collection, n°2152.
[2] Voir [Cadfael-10] le Pèlerin de la haine, du même auteur dans la même collection, n°2177
[3] Il s’agit de la Règle de saint Benoît. (N.d.T.)
[4] Voir [Cadfael-02]Un cadavre de trop, du même auteur dans la même collection, n°1963.
[5] Voir [Cadfael-02] Un cadavre de trop, du même auteur dans la même collection, n°1963.
[6] Ces événements et ces personnages apparaissent dans [Cadfael-02] Un cadavre de trop, du même auteur dans la même collection, n°1963.
[7] Voir [Cadfael-02] Un cadavre de trop, du même auteur dans la même collection, n°1963.
[8] « Rien que du bien...»
[9] Job 10. 1-2.
[10] Job. 14. 13-14.
[11] Job 17.1.
[12] Job 17. 13-15.
[13] Job 10. 20-22.
[14] Voir [Cadfael-01] Trafic de reliques, du même auteur dans la même collection, n°1994.